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Jerry Sanders



J’ai eu l’occasion d’accompagner le Mouvement Citoyen de Strasbourg dans sa communication pour les élections municipales de 2014. Un mouvement qui rassemble des citoyens français de tous bords avec un entrepreneur d’origine turque en tête de liste, Tuncer Saglamer. Nous savions d'emblée que ce petit mouvement de quartiers ne pouvait gagner les élections face aux mastodontes que sont les grands partis politiques, mais nous voulions peser sur les décisions locales. Lorsque nous avons remarqué que les médias n’avaient d’yeux que pour les deux grands partis historiques, j’ai proposé au MCS de frapper fort avec un projet inédit pour la ville.

- J’ai vu que la Nasa a développé un réseau de transports révolutionnaire pour les villes, le Skytran. Ce sont des capsules circulant sur des rames en hauteur dont l’investissement est huit fois moins cher que les réseaux classiques. Je pense que nous devrions proposer ce projet innovant pour Strasbourg. Elle serait la première ville européenne à s’équiper de ces capsules volantes.

Je me souviens de la réaction des membres présents ce jour-là. Ils m’ont tous regardé avec un air ébahi. Ils se demandaient si j’avais disjoncté ou perdu un boulon. Voilà-t-il que je propose des soucoupes volantes pour l’une des grandes villes de France !

- De toute façon, nous n’avons rien à perdre ! ai-je continué. On nous prendra peut-être pour des fous, mais j’ai noté plus de 30 avantages de ce mode de transport révolutionnaire, allant des coûts d’investissement et de fonctionnement au respect de l’environnement, en passant par de nombreux aspects pratiques. Alors, si vous voulez attirer l’attention des médias, soit vous proposez ce projet, soit vous défilez tous à poil au centre-ville !

Ils ont tous opté pour le Skytran !

Pour marquer le coup, je me suis dit que l’idéal serait d’avoir un représentant de la Nasa pour présenter ce projet aux médias. J’ai cherché les coordonnées sur Internet puis tenté un appel un samedi matin. Je suis tombé sur un répondeur et laissé un message.

Vers 15 heures, mon téléphone sonna.

- Hello ! I am Jerry Sanders…

Je n’en revenais pas ! Jerry Sanders est l’un des patrons de la Nasa. J’ai vu son nom sur le site et lu plusieurs articles sur lui. C’est lui le patron du Skytran. Après lui avoir bafouillé quelques explications en anglais, Jerry me demanda de lui envoyer un mail en expliquant en détail ce que j’attendais de lui. J’ai compris chaque mot de ce qu’il me disait. Jamais je n’ai connu quelqu’un articuler comme lui. Il choisissait des mots très simples et son anglais pouvait être compris par n’importe qui. On sentait bien qu’il était habitué aux échanges à l’international. Il se mettait à la place de ses interlocuteurs et prenait un soin particulier à leur faciliter l’échange et la compréhension. Je jubilais comme un fou. J’ai eu, au bout du fil, Jerry Sanders en personne ! Qui pouvait le croire ?

Dix jours après, Jerry est venu à Strasbourg soutenir le projet du MCS. Nous avions envoyé un chauffeur le récupérer à un aéroport en Allemagne, alors qu’il venait d’un déplacement de Tel Aviv où la Nasa expérimentait son premier projet de Skytran. Nous avions intrigué les journalistes par notre invitation. Elle laissait entendre que nous avions un scoop pour eux à l’occasion des municipales. La salle était comble, les journalistes se bousculaient et notre conférence de presse a été l’une des plus suivies de toute la campagne électorale.

Cela n’a pas loupé ! Dès le soir, les articles de presse fusaient de toutes parts. « Tuncer Saglamer veut faire voler les strasbourgeois dans des capsules de la Nasa », « Le Skytran de Saglamer, l’OVNI de la campagne des municipales à Strasbourg », « Saglamer prend le Skytran ! », « Strasbourg, un candidat promet des capsules volantes ». Les titres rivalisaient d’imagination ! Aux yeux des journalistes, nous étions des extra-terrestres. Strasbourg nageait en pleine science-fiction. Le MCS avait réussi à occuper l’espace médiatique régional pendant une bonne quinzaine de jours. Le projet n’a pas fait l’unanimité, mais il a détourné l’attention portée aux grands partis politiques. C’est à partir de ce moment-là que les favoris, comme les médias, ont commencé à prendre notre candidat au sérieux.

Lire l’histoire complète dans « Kayak mon amour » aux éditions pomdam.

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