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L’intelligence positive face à l’imposture de l’IA

Intégralité de l’article paru dans Le Mag des Territoires Numériques n°6 de mars 2020, à partir d’une interview à l’occasion de la publication du livre « Intelligence positive et management du futur » chez Pomdam éditions.

Interview de Habib Oualidi, fondateur de Kayak communication et auteur du livre « Intelligence positive et management du futur ».

Habib Oualidi, expert en communication 4.0, démystifie l’IA et milite pour une « intelligence positive »

Fondateur de l’agence disruptive Kayak communication, ambassadeur de la French Tech, Habib Oualidi est aussi le concepteur de la vision 1 080° et de la démarche Backcast – des ateliers du futur pour inventer les solutions de demain. Convaincu de l’urgence de démystifier l’intelligence artificielle, il milite, dans son livre à paraître fin mars, pour une « intelligence positive ».

Comment est née l’idée d’un livre sur l’intelligence artificielle ?

Depuis plusieurs années, nous accompagnons les entreprises dans une vision prospective de leur stratégie face aux grandes mutations technologiques. Pour cela, nous avons développé une démarche spécifique au « management du futur ». Nous avons également été mandatés par des institutions pour la sensibilisation des acteurs économiques aux impacts de l’IA et la transformation digitale de 23 branches professionnelles au niveau national. Or, je constate que nous ne sommes pas encore prêts à faire face aux grands enjeux liés à l’intelligence artificielle. Selon une enquête de Kayak Communication en janvier 2020, 3% seulement des articles publiés sur l’IA évoquent des solutions possibles. Il temps de se préparer à la mutation de nos activités et aux nouvelles compétences exigées demain.

Quelles sont les principales confusions en matière d’IA ?

L’intelligence artificielle est l’objet de nombreux fantasmes. Il est important de bien distinguer l’IA dite « faible » (machine learning, deep learning) de l’IA Générale, dite « forte », qui ambitionne d’imiter le fonctionnement du cerveau. Le déploiement actuel concerne l’IA faible, qui n’est autre que de la programmation « avancée » permettant de traiter de grandes masses de données. L’IAG reste quant à elle un doux rêve de scientifiques, qui se réalisera peut-être dans un siècle.



Qu’entendez-vous par « intelligence positive » ?

Qu’elle soit humaine ou artificielle, notre monde a plus que jamais besoin d’une intelligence positive. Nous devons collectivement être attentifs à un développement éthique de l’IA, sur le plan social mais aussi environnemental – il faut savoir que l’IA est énergivore dans ses phases d’entraînement de Deep Learning. L’intelligence positive est un concept qui consiste à résoudre les équations complexes de nos intérêts antagonistes. Par ailleurs, les géants du web s’intéressent à l’IAG depuis très longtemps. Ils sont les seuls acteurs économiques à en avoir les moyens. Nos gouvernements doivent impérativement s’emparer de ces enjeux pour « gagner la course » et éviter un déséquilibre de gouvernance mondiale.

On dit que 70% des métiers de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui.

Comment parvenir à les imaginer ?

Les approches disruptives doivent être favorisées, en sortant des schémas classiques. C’est pourquoi nous avons mis au point la démarche Backcast : j’anime des ateliers ludiques visant à projeter les entreprises et les collectivités dans l’environnement du futur. Nous utilisons aussi le concept de vision 1 080°. Au contraire de la communication 360°, il s’agit non seulement de regarder les solutions existant autour de soi, mais aussi de jeter un œil au sol et au plafond, autrement dit de se positionner à l’antithèse de tout ce que l’on peut imaginer. L’innovation part toujours de ce principe. Il y a trente ans, il était inimaginable d’aller passer ses vacances chez des inconnus. C’est pourtant ce que propose Airbnb aujourd’hui. Même chose pour les voitures autonomes. Elles ont été inventées par des géants de la tech, pour la simple et bonne raison qu’au lieu d’imaginer une voiture, ils ont pensé à un ordinateur sur roues.

Doit-on avoir peur des robots ?

La peur de l’IA m’apparaît comme une imposture. Tout d’abord, parce qu’elle offre de formidables opportunités, dans le domaine des sciences ou de la médecine, mais aussi pour l’emploi, permettant de faire émerger de nouveaux métiers, comme Data Scientist, Géomaticien ou Data Architect.

Selon une étude IAHDF, le besoin d’experts IA d’ici 2023 est estimé à 4 200 pour les seuls Hauts-de-France, soit l’équivalent de 80% du nombre de chercheurs répertoriés sur l’ensemble du territoire national aujourd’hui. D’autres métiers seront au contraire amenés à disparaître. Il est donc essentiel d’anticiper les besoins de formation des emplois « sortants » vers les emplois « entrants ».

Il devient aussi urgent de cultiver les « soft skills », qui font notre valeur ajoutée en tant qu’êtres humains. Car si l’IA arrive à imiter quelques-uns de nos cinq sens, comme l’ouïe ou la vue, elle n’est pas encore en mesure de reproduire le plus précieux d’entre eux, notre fameux « sixième sens ».

« Intelligence positive et management du futur » chez Pomdam éditions, avec la contribution de Mathieu Klimczak, Docteur en Mathématiques et Ingénieur IA. Disponible le 24 mars 2020 sur www.pomdam.fr

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